Après
des années et des années de belles promesses électorales et de poses de
premières pierres à grand tintouin la construction de l’Établissement
d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) de Leucate est enfin en
route. On ne dira pas que la municipalité n’a pas eu le temps de réfléchir au
projet !
Cet
EHPAD est implanté à proximité du Village, tout près du Centre Commercial, sur
le flanc Ouest du vallon du Rec de la Fontaine.
Le
Rec de la Fontaine est un ruisselet temporaire issu de l’ancestrale « Fontaine
de Loin » qui fut si longtemps la seule ressource en eau du Village; il est à
sec la plupart du temps au point que seuls les anciens l’ont vu en eau. Mais en
de rares occasions ce Rec se rappelle qu’il constitue l’exutoire des eaux de
pluie ruisselant depuis une vaste portion du plateau de Leucate. Son bassin
versant (voir la carte ci-jointe) couvre plus d’une centaine d’hectares.
Le
26 septembre 1992, pour la dernière fois, un violent orage, du genre bien connu
en Languedoc sous le nom d’« épisode Cévenol », a noyé le plateau de Leucate
sous un déluge tel que le Rec de la Fontaine s’est transformé en quelques
minutes en un torrent dévastateur. Selon les archives Météo il est tombé ce
jour-là en 3 à 4 heures un peu plus de 200 litres d’eau au mètre carré à
Leucate (mais on peut faire mieux : ce même jour près de 300 litres au mètre
carré sont tombés à Narbonne). Sur un bassin versant d’une centaine d’hectares,
cela représente environ 200 000 000 litres d’eau qui vont devoir ruisseler vers
l’étang en quelques heures. Ces chiffres donnent le vertige ; imaginons, pour
fixer les idées, que toute cette eau (tombée en 3 heures) rejoigne l’étang en 5
heures à flux constant, le débit du Rec- unique exutoire- pendant ces 5 heures serait alors de 11 m3/s. Qu’est-ce
que cette approximation -qui n’a qu’un sens d’ordre de grandeur- représente en
pratique? Le dixième du débit de la Seine en été, et ça dans le lit d’un
ruisselet qu’on peut sauter à cloche pied !
L’inondation
provoquée en 1992 par cette crue qui a causé de nombreux dégâts aux habitations
et commerces a été reconnue officiellement comme « Catastrophe Naturelle ».
C’est un phénomène de fréquence «
décennale » selon les spécialistes, on peut donc s’attendre à le voir se reproduire
d’une année à l’autre puisqu’on l’attend depuis 23 ans à Leucate ! D’autres «
épisodes cévenols » ont concerné le département de l’Aude depuis (1999 ou 2014
par exemple sont restés dans les mémoires) mais Leucate a alors été épargné.
A
la suite de cet épisode de 1992 des travaux destinés à protéger le Centre
Commercial ont été réalisés : un avaloir bétonné qui a été creusé dans le lit
du Rec juste en amont du Centre Commercial est censé absorber la crue
éventuelle et l’acheminer en souterrain jusqu’à l’étang, limitant ainsi les
dégâts.
Nombre
d’anciens Leucatois, voyant se construire l’EHPAD s’inquiètent énormément : les
sols ont été très copieusement excavés si bien que toute la partie Nord du
bâtiment est manifestement construite EN DESSOUS du niveau du sol naturel et du
lit du Rec ! Les photos ci-jointes prises depuis la rue le démontrent sans
ambigüité : la présence de l’avaloir, situé tout à côté de l'angle Nord de la
construction, rappelle, s'il le fallait, la probabilité du risque d'inondation
de ce lieu.
Comment
le maire et les services techniques de Leucate ont-ils pu fermer les yeux sur
les conséquences dramatiques à craindre lors d'un événement pluvieux dont la
probabilité de survenance est décrite par les experts géologues du cabinet
narbonnais comme « décennale » ?
Le
terrain affecté à la construction de l’EHPAD était pour sa plus grande partie
hors d’atteinte de l’eau ; pourquoi en avoir abaissé le niveau de un à
plusieurs mètres au prix de coûteux terrassements ?
Serait-ce
pour disposer de terres de remblai en quantité suffisante pour réaliser le
terrain de football ? Où le futur chantier de l’éventuel Supermarché de Port
Leucate ?
Serait-ce
pour ménager certains privilégiés dont la vue sur l’étang et la mer aurait pu
être gênée par une nouvelle construction
un peu trop élevée?
Encore
une fois faudra-t-il attendre la démonstration de Dame Nature et devoir évacuer
d’extrême urgence (en quelques minutes, vue la rapidité de montée des eaux dans
ce vallon du Rec) quelques dizaines de personnes dépendantes et à mobilité
restreinte ?
Faut-il
admettre le risque de perte de vies humaines au motif d'une exigence
urbanistique complaisante ?
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