Agacé par les fanfaronnades
répétées de Michel Py, qui ne manque pas une occasion de se glorifier des
créations d’emploi qu’il prévoit avec le futur parc éolien en mer (ce n’est
pourtant pas lui qui a obtenu le succès de ce projet, mais les parlementaires
Audois auxquels il s’oppose), LEUCATE
POUR TOUS a décidé d’approfondir sérieusement la question.
Le projet de ferme éolienne
expérimentale retenu pour le site de Leucate-Barcarès
est celui présenté par Engie, qui
est à la tête d’un consortium réunissant le portugais EDP Renewables, la Caisse
des Dépôts et Eiffage (lemarin.fr, 14/04/2016).
Ce projet est connu sous le nom «
Les Eoliennes Flottantes du Golfe du
Lion » ou LEFGL.
Qui sont donc ces partenaires ?
Engie, anciennement connu
sous le nom GDF Suez, est un groupe industriel énergétique français. C'était le
troisième plus grand groupe mondial dans le secteur de l'énergie en 2015. Son
principal actionnaire est l'État français qui détient un tiers du capital, (wikipedia/Engie).
C’est un leader solide, compétent dans le domaine énergétique !
EDP Renewables ou EDP
Renovàveis (edpr.com) est une
filiale de Energias De Portugal (EDP), société privée au capital international,
spécialisée dans la production d'électricité à partir d'énergies renouvelables.
EDPR dispose d’une expérience déjà importante dans le domaine de l’éolien
offshore et des éoliennes flottantes, selon le concept de structure flottante Principle Power. C’est un partenaire
expérimenté dans ce domaine de pointe.
La Caisse des dépôts et consignations (CDC),
souvent simplement appelée Caisse des dépôts, est une institution financière
publique française créée en 1816. Placée sous le contrôle direct d'une
commission de surveillance rendant compte au Parlement, elle exerce des
activités d'intérêt général pour le compte de l'État et des collectivités
territoriales ainsi que des activités concurrentielles (caissedesdepots.fr). C’est un garant
financier habituel.
Eiffage est un groupe de
construction et de concessions français, fondé en 1993 par la fusion de
Fougerolle et de SAE . Le groupe exerce aujourd'hui dans de nombreux domaines
des Travaux Publics : Construction, Infrastructures, Concessions et Énergie. Il
s'agit du troisième groupe de constructions et de concessions français,
derrière Vinci et Bouygues, et du cinquième groupe européen (eiffage.com). C’est un partenaire d’envergure,
habitué des grands travaux.
Quel est le projet LEFGL ?
La Caisse des Dépôts décrit ainsi
le projet (caissedesdepots.fr/eolien)
: « Située au large de Leucate-Le
Barcarès, l'un des plus importants gisements éoliens maritimes français, la
ferme pilote comprendra 4 éoliennes GE Haliade 150-6 MW unitaires associées aux
flotteurs semi-submersibles conçus par Principle Power. »
Cette société Principal Power (principlepowerinc/windfloat)
a déployé dès 2011 un prototype d’éolienne flottante WindFloat de puissance 2
MW à 5 km au large de la côte Portugaise ; cette structure avait été assemblée
au sol puis remorquée en mer sur 400 km avant mise en place. Après 5 ans
d’expérimentation sur site, où elle a donné satisfaction, cette éolienne a été
ramenée à terre pour un examen de vieillissement approfondi, dont les résultats
sont également satisfaisants.
Comment est prévue la réalisation du
projet LEFGL ?
Toujours selon la Caisse des
Dépôts (caissedesdepots/eolien-projet)
« les flotteurs semi-submersibles seront
conçus par Principle Power à Aix-en-Provence et construits par Eiffage Métal à
Fos-sur-Mer. L’assemblage, le stockage et la logistique de l’ensemble seront
réalisés à Port-la-Nouvelle, dans l’Aude. Développé en pleine concertation avec
les acteurs des territoires, le projet bénéficiera en particulier aux
entreprises des régions Occitanie et Provence Alpes Côte d’Azur (notamment via
la diversification de l’usine de Fos-sur-Mer vers les énergies marines
renouvelables). A l’issue d’une phase d’études et de concertation, puis de
construction, les éoliennes seront mises en production dès 2020 ».
Quel impact sur l’économie Leucatoise
peut-on réellement attendre de ce projet LEFGL ? Quelles créations d’emplois à
Leucate ?
Trois niveaux de possibilités de
retombées économiques d’un tel projet sont à envisager : la construction, la
maintenance, les redevances. La conception est commencée ailleurs et se développera
ailleurs (Aix en Provence, par exemple).
La construction ne concernera
en rien Leucate qui ne dispose d’aucune infrastructure à la mesure du problème,
comme nous l’avons déjà indiqué dans ce blog par nos articles des 21/01 et
26/01/2017. Barcarès n’a pas plus d’atouts. Pour les curieux impénitents, le
site principlepowerinc/windfloat
présente une brève vidéo de la réalisation d’une « petite » éolienne 2 MW,
celles que nous attendons auront une taille bien supérieure. Il est clair que
les infrastructures nécessaires n’existent pas à Port Leucate. L’expérience
Portugaise de EDP Renewables et Principle Power démontre que le site
d’assemblage d’une éolienne flottante peut être très éloigné du site
d’implantation. Les flotteurs seront réalisés à Fos sur mer et l’assemblage
doit avoir lieu à Port la Nouvelle, dont l’équipement déjà existant devra sans
doute être amélioré pour cette occasion ; rappelons que Port la Nouvelle
accueillera également la construction des flotteurs en béton destinés à la
ferme d’éoliennes marines de Gruissan.
Les retombées économiques dans l’Aude de
la phase construction concerneront donc exclusivement Port la Nouvelle,
absolument pas Leucate. Donc aucune création
d’emploi à attendre à Leucate.
La maintenance ne peut
concerner Leucate, au mieux, qu’en ce
qui concerne sa partie la plus légère. En effet Port Leucate est un port de
plaisance dont la réalisation empêche de recevoir des navires dépassant 23
mètres, au tirant d’eau très limité et, de plus, pratiquement inaccessible par
gros temps. Ce n’est donc pas par-là que transitera une pale d’éolienne de
rechange de 70 m de longueur, portée par un navire d’une centaine de mètres de
long ! Barcarès n’est pas mieux préparé à ces aspects industriels.
Mais la maintenance d’un champ
d’éoliennes offshore comporte beaucoup plus fréquemment la réalisation d’un ensemble de petites opérations
d’entretien, encore mal défini, comme l’indique actu-environnement/eolien-offshore
: « Pour ce qui est de l'exploitation
prévue pour 2018, les besoins sont encore flous. Une chose est toutefois
certaine : il va falloir s'adapter à l'environnement marin et ses dangers.
Intervention sous-marine, surveillance des câbles immergés, matelots
mécaniciens… autant de compétences qui nécessitent une connaissance de la mer.
Avec une expérience dans l'Oil & Gas et l'extraction minière sous-marine,
la France possède déjà un savoir-faire dans l'économie maritime. » Cette
compétence existe, au moins en partie, à Port la Nouvelle dont l’activité
portuaire commerciale est très développée mais est totalement absente de Port
Leucate. Par ailleurs, il faut prendre conscience qu’il n’est en rien
intéressant de positionner un service de maintenance en un site
géographiquement excentré et mal desservi au point de vue transports, comme
Port Leucate, puisque ce service sera amené à intervenir sur bien d’autres
installations éoliennes que celle qui nous préoccupe.
Convaincre le futur opérateur de
la ferme éolienne de Leucate Barcarès de disperser son service de maintenance
entre Port la Nouvelle, pour les grosses opérations, et Port Leucate pour la
petite maintenance risque d’être délicat, pour ne pas dire illusoire ! De plus
la maintenance quotidienne attendra difficilement que des conditions météo
acceptables permettent l’entrée-sortie du port de Port Leucate !
L’électricité produite par ces
éoliennes devra être amenée à terre par un câble sous-marin connecté au réseau
EDF ; il est déjà acquis que la ferme éolienne de Gruissan livrera sa
production électrique à Port la Nouvelle et non à Gruissan, il semble très
probable car économiquement raisonnable que la ferme éolienne de Leucate
Barcarès soit connectée au même endroit et non à Port Leucate où n’existe
actuellement aucune infrastructure convenable.
Les retombées économiques de l’activité
maintenance pour Leucate sont donc des plus douteuses, Port la Nouvelle étant
presque aussi près des installations, bien mieux armé techniquement et bien
plus aisément accessible ! La création d’emplois
nouveaux à Leucate dans ce cadre est très peu probable car difficilement
justifiable économiquement !
Les redevances, par contre,
devraient sans ambiguïté constituer une importante retombée économique pour le
budget communal de Leucate. Il faudra quand même ne pas oublier que la
redevance fixée par le Code des Impôts (50 % d’environ 15 000 Euros par
mégawatt installé et par an, voir notre article sur ce blog du 05/11/2016) sera
à partager avec les communes littorales concernées, Barcarès essentiellement pour une part
importante, selon des proportions qui seront définies par les préfets de l’Aude et des Pyrénées
Orientales.
Selon la Commission Nationale du
Débat Public (CNDP) (eolienmer/taxe-eoliennes)
« la répartition de la taxe sur les
éoliennes en mer est fixée par le Code général des impôts : 50 % du produit de
cette taxe est affecté aux communes littorales d’où les installations sont
visibles dans un rayon de 12 miles nautiques soit près de 22 kilomètres, autour
de l’unité de production (……….).
La taxe est versée en fonction du nombre de mégawatts installés (…..).
Montant versé aux communes : Les communes éligibles à la taxe
spécifique à l’éolien en mer ainsi que le montant exact qui leur sera alloué
seront déterminés par le représentant de l’Etat dans le département. (……..). La
règlementation prévoit que le montant versé est fonction de deux variables
:
- La distance de cette commune par rapport à la première éolienne
visible ;
- La population de la commune par rapport à la population cumulée de
toutes les communes bénéficiant de la taxe.
Le chiffre de la population pris en compte est celui de la population
totale mentionnée à l'article R. 2151-1 du code général des collectivités
territoriales. »
La ferme éolienne LEFGL
devant être installée par 70 à 100 m de fond à 18 km de la côte Leucatoise
(environ 10 miles, assez loin pour être peu visibles malgré leurs 200 mètres de
haut, assez près pour donner lieu à redevance) lors de la période
d’expérimentation, avec une puissance installée de 24 MW, la redevance annuelle
perçue par l’ensemble des communes concernées pourrait atteindre 180 000
Euros/an.
Si
le projet aboutit, comme prévu, à l’exploitation d’une ferme de 60
éoliennes produisant 360 MW le pactole à partager entre les communes concernées
pourra alors avoisiner 2 700 000 Euros/an, dont une grande partie sera bien
pour Leucate ! Coté emploi, par contre, rien à
attendre.
Conclusions : Michel Py vend du vent !
- La réalisation de cette ferme
expérimentale d’éoliennes offshore de Leucate-Barcarès LEFGL semble offrir de
grandes chances de succès, les partenaires de cette opération disposant déjà
d’une solide expérience en la matière.
- Les retombées économiques pour
Leucate de la mise en place de cette ferme expérimentale, puis de son extension
à grande échelle seront nulles. Aucune
création d’emploi n’est envisageable à ce titre.
- Les redevances, par contre,
alimenteront notablement le budget communal (jusqu’à 5 à 10% du budget global
actuel !), c’est le seul point positif – assurément non négligeable – de cette
opération, en ce qui concerne la commune de Leucate.
- Les retombées économiques de la
maintenance pour Leucate seront très probablement nulles, avec
hélas une probabilité négligeable de création d’emplois locaux.
Quand Michel Py annonce
des créations d’emploi, il vend du vent !
4 commentaires:
Crazy , to spoil such a beautiful coastline. I live about 20 kms from Avignonet and its 12 'eoliennes' ,I can tell you , you see them very clearly and they are a blemish in lovely countryside. Once again it is all about money
Comeon... At 22kms you don't "see them cleary", that's really not a big deal for this lovely countryside
Bonjour,
Bravo pour cet article très bien structuré et documenté. C'est très rare. J'en félicité l'auteur. Je suis 'très légèrement d'accord' avec unknown. Cela se verra un peu mais c'est un mal nécessaire, moins impactant que les centrales nucléaires ou les éoliennes terrestre. Ce débat concernant la laideur des éoliennes disparaîtra avec le temps. D'autant plus qu'il est maintenant interdit de les construire individuellement.
Sinon, l'étude d'impact est-elle disponible?
Bonjour,
merci pour l' intérêt que vous portez à notre blog.
Non, l'étude d'impact n'est pas encore disponible, à notre connaissance du moins! A Leucate, le maire étant un fervent adepte de l'omerta, la publicité des informations désagréables est très restreinte!
Vous pouvez suivre toute l'info sur http://info-efgl.fr/.
Bien sincèrement
LPT
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